3 août 2008

solanum tuberosum

Je t'en prie, n'oublie jamais les jours où nous récoltions la patate.
Les beaux jours où nous cultivions la vivace sous un ciel blanc et dans un sol pauvre en minéraux, loin de notre bidonville chéri. Isolés, adorant la tubercule du divin féculant, seuls dans un périmètre sécurisé par l'ocytocine que nous sécrétions.
*
J'avais de moins en moins le coeur à l'ouvrage, assommée par le soleil de midi, accroupie sur la terre humide. Je te tenais à l'oeil.
Je t'observais depuis un bon moment déjà et j'avais les jarrets crispés, comme tous les muscles de mon corps incluant mon coeur, en boule.
J'essayais très fort de ne pas te décevoir, je sais que tu voulais me voir acharnée sur la cueillette, je sais que je ne travaillais pas assez vite et que tu me voyais comme un boulet à ta cheville. Je le sais parce que tu ne m'attendais pas, parce que tu fumais des joints sans me les passer, parce que tu ne retenais pas tes soupirs lorsque je t'adressais la parole. Je le sais parce que je le sais, parce que tu me l'as dit avec tes yeux.
*
Je le sais et ça m'empêche d'avancer.

1 commentaire:

Mélanie J. a dit…

J'aurais pu faire un commentaire du genre « LÂCHE PAS LA PATATE, LOL » Mais ça aurait été vraiment, vraiment mauvais. Ça aurait aussi été comme si je me foutais de ton texte que que j'en comprenais pas l'essence et c'est faux. Enfin je crois (pour la compréhension).